Synaxe des Primats des Eglises Orthodoxes - Octobre 2008

 

Synaxe des Primats des Eglises Orthodoxes Autocéphales au Patriarcat Oecuménique - Octobre 2008

 

 

 

Une synaxe (sommet, assemblée) des primats de toutes les Eglises orthodoxes autocéphales s'est tenue du 10 au 12 octobre 2008 à Istanbul, au siège du Patriarcat Œcuménique de Constantinople à l'invitation du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée 1er. A l'issue de la rencontre une importante déclaration a été publiée dans laquelle les primats annonçaient la reprise des travaux pré conciliaires en vue de la tenue du concile pan orthodoxe et abordaient diverses questions théologiques, pastorales, éthiques, économiques etc. Une traduction en français de la déclaration a été proposée par le site www.orthodoxie.com. Nous reproduisons ci-après son contenu tel que publié.

 

 

 

 

Texte de la Déclaration finale publiée à l'issue de la Synaxe

  

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

 

1. Par la grâce de Dieu, les primats et les représentants des Eglises orthodoxes locales se sont réunis du 10 au 12 octobre, 2008, au Phanar, à l'invitation et sous la présidence du premier parmi nous, le patriarche œcuménique Bartholomée, à l'occasion de la proclamation de cette année comme l'année de saint Paul, apôtre des Nations. Nous avons délibéré dans l'amour fraternel sur les sujets de préoccupation de l'Église orthodoxe, et en participant aux festivités de cette occasion, nous avons célébré ensemble la sainte eucharistie dans la très sainte église patriarcale du Trône œcuménique, aujourd'hui, le 12 octobre 2008, dimanche des saints Pères du 7e concile œcuménique de Nicée. Au cours de ces jours, nous avons été renforcés par la vérité des dons de la Providence divine reçus par l'apôtre des Nations, qui l’ont rendu « instrument choisi » (Actes 9, 15) de Dieu et un modèle. L'Église orthodoxe entière, honorant l’apôtre durant toute cette année de grâce du Seigneur, le propose à ses fidèles comme modèle de témoignage contemporain de notre foi à « tous ceux qui sont loin ou près » (Éphésiens 2, 17).

 

2. L'Église orthodoxe, ayant interprété de manière authentique l'enseignement de l'apôtre des Nations, durant les moments difficiles ou pacifiques de sa voie historique de deux mille ans, peut et doit promouvoir dans le monde contemporain l'enseignement non seulement de la restauration de l'unité de la race humaine tout entière dans le Christ, mais également de l'universalité de son œuvre de rédemption, par l'intermédiaire de laquelle toutes les divisions du monde sont surmontées et la nature commune de tous les êtres humains est affirmée. Toutefois, un fidèle témoignage de Son message de  rédemption suppose également le dépassement des conflits internes de l'Église orthodoxe par l’apaisement des tensions nationalistes, ethniques et idéologiques du passé, car c’est seulement de cette manière que la parole orthodoxe aura un impact efficace sur le monde contemporain.

 

3. Inspirés par l'enseignement et l’œuvre de l'apôtre Paul, nous soulignons, d'abord et avant tout, l'importance de la mission pour la vie de l'Eglise et en particulier pour la diaconie de nous tous, conformément au dernier commandement du Seigneur : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la Terre » (Actes 1, 8). L'évangélisation du peuple de Dieu, mais aussi de ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ, constitue le devoir suprême de l'Eglise. Ce devoir ne doit pas être rempli de manière agressive, ou par diverses formes de prosélytisme, mais avec amour, humilité et respect de l'identité de chaque individu et de la particularité culturelle de chaque peuple. Toutes les Églises orthodoxes doivent contribuer à cet effort missionnaire, tout en respectant l'ordre canonique.

 

4. L'Église du Christ aujourd'hui accomplit son ministère dans un monde en évolution rapide, qui est maintenant devenu interconnecté par des moyens de communication et le développement des moyens de transport et de la technologie. Parallèlement, l'étendue de l'aliénation, des divisions et des conflits est également en augmentation. Les chrétiens soulignent  que la source de cet état est l’aliénation de l'homme de Dieu. Aucune transformation des structures sociales ou des règles de comportement ne suffit pour guérir de cette situation. L'Église rappelle constamment que le combat contre le péché n’est possible que dans la coopération de Dieu et de l'homme.

 

5. Dans de telles circonstances, le témoignage contemporain de l'orthodoxie pour les problèmes croissants de l'humanité et du monde devient impératif, non seulement pour constater leurs causes, mais aussi pour confronter directement les conséquences tragiques qui s’ensuivent. Les multiples différends nationalistes, ethniques, idéologiques et religieux nourrissent continuellement les désordres dangereux, non seulement en ce qui concerne l'unité ontologique incontestable du genre humain, mais aussi en ce qui concerne la relation de l'homme à la création de Dieu. La dignité sacrée de la personne humaine est réduite à des manifestations particulières de l’« individu » et sa relation avec le reste de la création divine est subordonnée à l’usage arbitraire ou l’abus de celle-ci. Ces divisions introduisent dans le monde des inégalités dans l’accès des individus et des peuples aux biens de la création, elles privent des milliards de personnes des produits de base et mènent à l’appauvrissement de la personne humaine ; elles provoquent des migrations massives de population, aggravent les différences et les conflits nationalistes, religieux et sociaux, et menacent  la cohésion interne traditionnelle des sociétés. Les conséquences de ces divisions sont encore plus odieuses, car elles sont inextricablement liées à la destruction de l'environnement naturel et de l'ensemble de l'écosystème.

 

6. Les chrétiens orthodoxes partagent la responsabilité de la crise contemporaine de cette planète avec d'autres personnes, qu’elles soient religieuses ou non, parce qu'ils ont toléré sans discernement l’abus de la liberté humaine et en ont fait des compromis, sans s’y opposer avec la parole de la foi. Par conséquent, leur devoir le plus grand est de contribuer à surmonter les divisions du monde. La doctrine chrétienne sur l'unité ontologique entre l'homme et la création divine, exprimé par tout le mystère de l'œuvre rédemptrice de Christ, constitue le fondement pour l'interprétation de la relation de l'homme avec Dieu et avec la création.

 

7. Les efforts visant à évincer la religion de la vie de la société constituent la tendance commune de nombreux états modernes. Le principe d’un état laïc peut être conservé, mais il est inacceptable d'interpréter ce principe comme une exclusion radicale de la religion de toutes les sphères de la vie du peuple.

 

8. L'écart entre les riches et les pauvres s’agrandit de plus en plus de façon spectaculaire en raison de la crise financière, provoquée par l’activité économique dénaturée, privée de toute dimension humaine et ne servant pas à des besoins réels de l’homme, et par la chasse au profit des financiers prenant souvent des dimensions maniaques. Une économie viable est celle qui combine l'efficacité avec la justice et la solidarité sociale.

 

9. En ce qui concerne la question de la relation entre la foi chrétienne et les sciences naturelles, l'Eglise orthodoxe a réussi à éviter la tendance de mettre sous sa tutelle le développement de la recherche scientifique et de se prononcer pour chaque problématique scientifique. Du point de vue orthodoxe, la liberté de la recherche constitue un don de Dieu à l'humanité. En même temps, tout en affirmant cela, l'orthodoxie souligne les dangers dissimulés dans certaines réalisations scientifiques, les limites des connaissances scientifiques et l'existence d'une autre « connaissance » qui n’entre pas directement dans la sphère de la science. Cette autre « connaissance » se révèle, à bien des égards, nécessaire pour poser des limites convenables à la liberté et pour une bonne utilisation des fruits de la science basée sur le respect de la dignité humaine et le renoncement à l'égocentrisme.

 

10. L'Église orthodoxe estime que le progrès technologique et le progrès économique ne devraient pas conduire à la destruction de l'environnement et à l'épuisement des ressources naturelles. L’ambition illimitée de satisfaire les désirs matériels conduit à l'appauvrissement de l'âme humaine et de l'environnement. Nous ne devons pas oublier que les richesses naturelles de la terre ne sont pas seulement la propriété de l'homme, mais surtout une création de Dieu: « A l'Éternel la terre et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l'habitent ! » (Psaume 23, 1). Nous devons nous rappeler que non seulement la génération actuelle, mais aussi les générations futures ont le droit d'avoir un droit aux ressources de la nature que le Créateur nous a accordées.

 

11. Soutenant fermement tous les efforts pacifiques pour des solutions justes aux conflits qui surgissent, nous saluons les positions des Eglises de la Russie et de la Géorgie et leur coopération fraternelle au cours de la période du récent conflit militaire. De cette manière, les deux Églises accomplissent le devoir de la diaconie de la réconciliation. Nous espérons que les efforts conjoints des deux Églises contribueront à surmonter les conséquences tragiques des opérations militaires et à la prompte réconciliation des peuples.

 

12. Dans la confusion grandissante de notre époque, l'institution du mariage et de la famille est confrontée à une crise. L’Église, dans un esprit de compréhension des nouvelles et complexes relations sociales, doit trouver les moyens de soutenir spirituellement et d’encourager la jeunesse et les familles nombreuses. Nous tournons nos pensées en particulier vers les jeunes, afin de les appeler à participer activement aussi bien à la vie sacramentelle qu’aux activités missionnaires et sociales de l'Eglise, déposant ainsi dans l’Eglise leurs problèmes et leurs attentes, car ils constituent non seulement son avenir, mais aussi son présent.

 

13. Comme primats et représentants de la très sainte Église orthodoxe, pleinement conscients de la gravité des problèmes mentionnés ci-dessus, travaillant à les affronter sans tarder en tant que « serviteurs du Christ et intendants des mystères de Dieu » (1 Cor. 4. 1), nous proclamons, du siège de l’Eglise du premier trône et nous réaffirmons :

 

a) notre position indéfectible et notre obligation de préserver l'unité de l'Église orthodoxe, « transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1, 3), la foi de nos pères, dans la divine eucharistie, dans l’observation fidèle du système canonique de la gouvernance de l'Eglise tout en réglant les problèmes qui surgissent dans nos relations mutuelles avec un esprit d'amour et de paix.

 

b) notre désir d’une guérison rapide de toutes les anomalies canoniques qui ont surgi à causes des circonstances historiques et des besoins pastoraux, comme dans la soi-disant diaspora orthodoxe, afin de surmonter toute les influences qui sont étrangères à l'ecclésiologie orthodoxe. À cet égard, nous nous félicitons de la proposition du Patriarcat œcuménique de convoquer en 2009 des consultations panorthodoxes sur ce sujet, ainsi que sur la question de la poursuite des préparatifs du saint et grand concile, auxquelles seront invitées toutes les Églises autocéphales conformément à l'ordre permanent et à la pratique des consultations panorthodoxes précédant celle de Rhodes.

 

c) notre désir de poursuivre, malgré toutes les difficultés, les dialogues théologiques avec les autres chrétiens, ainsi que les dialogues interreligieux, en particulier avec le judaïsme et l'islam, étant donné que le dialogue constitue la seule manière de résoudre les différences entre les personnes, en particulier dans une époque comme la nôtre, où toutes les divisions, y compris celles au nom de la religion, présentent une menace pour la paix et l'unité des hommes.

 

d) Notre soutien aux initiatives lancées pour la protection de l'environnement, aussi bien par le  Patriarcat œcuménique, que par les autres Églises orthodoxes. La crise écologique d'aujourd'hui, qui est due à la fois à des raisons spirituelles et éthiques, rend impérative la contribution de l'Eglise par les moyens spirituels qui sont à sa disposition, afin de protéger la création de Dieu contre les conséquences de la cupidité humaine. À cet égard, nous réaffirmons la désignation du 1er septembre, le premier jour de l'année ecclésiastique, comme jour singulier de prières pour la protection de la Création de Dieu et nous soutenons l'introduction du sujet de la protection de l'environnement dans l'activité pastorale catéchétique, homélitique, et générale de nos Églises, comme tel est déjà le cas dans certaines d’entre elles.

 

e) La décision de procéder aux actions nécessaires, afin de former un comité inter-orthodoxe pour étudier les questions de la bioéthique, sur lesquelles le monde attend également la position de l'orthodoxie.  S’adressant ainsi aux fidèles orthodoxes et au monde dans sa plénitude, nous prions « encore et sans cesse » afin que la paix, la justice, et l'amour de Dieu prévalent et règnent sur la vie des hommes.

 

Gloire à celui qui peut tout faire bien au-delà de nos demandes et de nos pensées, par sa puissance agissant en nous, à Lui soit la gloire dans l’Eglise et dans le Christ Jésus, Amen. » (Eph. 3, 20-21).

 

 

+ Bartholomée de Constantinople

+ Théodore d’Alexandrie

+ Ignace d’Antioche

+ Théophile de Jérusalem

+ Alexis de Moscou

+ Amphiloque de Monténégro (représentant l’Église de Serbie)

 + Laurentiu de Transylvanie (représentant l’Église de Roumanie)

 + Dométien de Vidin (représentant l’Église de Bulgarie)

+ Gérasime de Zugdidi (représentant l’Église de Géorgie)

+ Chrysostome de Chypre

+ Jérôme d’Athènes

+ Jérémie de Wroclaw (représentant l’Église de Pologne)

 + Anastase de Tirana

+ Christophe de la Tchèquie et de la Slovaquie » 

 

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