« Notre secours et bouclier, c’est Lui, le Seigneur » (Psaume 33) : A propos du dernier livre du Père Michel QUENOT « Les glorieux combattants » !
« Notre secours et bouclier, c’est Lui, le Seigneur » (Psaume 33) : A propos du dernier livre du Père Michel QUENOT « Les glorieux combattants » !
Publié le: 22 Décembre 2015
Ci-après le texte de la dernièrechroniquehebdomadaire de Carol SABA dansl’émissionLumière de l’Orthodoxiesur Radio Notre Dame consacré au dernier livre « Les glorieuxcombattants » du RévérendPère Michel QUENOT, aux Editions ORTHDRUK. C’estl’occasion de saluerl’ensemble de l’œuvreabondante (plus d’unevingtained’ouvrages) du Père Michel,recteur de la paroisseorthodoxefrancophone de Fribourg en Suisse, centréesurl’icône. Cesnombreuxlivres, toujoursrédigésdans un style trèsdidactique et pédagogique, sontrichementillustrés par de nombreuxvisuelsiconographiques qui mettent en scènedifférents aspects de la vie et de l’expression de notrefoi et de la tradition de l’Egliseorthodoxeàtravers le langage de l’icône. Cesouvragespeuventêtrecommandésà la « Librairiedu Monastèreorthodoxe de la Transfiguration àTERRASSON.
Chronique de Carol SABA
« Notre coup de cœur en cette fin d'année 2015 va au "glorieuxcombattants", le livrequevient de publier Michel QUENOT, prêtreorthodoxe, recteur de la paroissefrancophone de Fribourg en Suisse aux éditionsORTHDRUK. Il s’agitlà du dernier-né des publications abondantes du Père Michel, un des derniersmaillonsd’unechaîned’orqueconstitue son œuvredotée de plus d’unevingtained’ouvrages (qui peuventêtrecommandésà la Librairie du monastère de la Transfiguration àTERRASON) mettent en scènel’icône, son langage et son expression. Uneœuvreabondante qui pose l’icône au centre de l’expression de la foi, d’unemanièrepleinementdidactique et empreinte de pédagogie. Riend'étonnant en celapuisquePère Michel a étéenseignant avant de devenirprêtre.
Celivremérited'êtrelu et relu, non seulement pour savaleurintrinsèque et les multiples illustrations qu’ilcontientmaisaussi en raison de la synthèsebiblique, néotestamentaire et patristiquequ’ildéveloppeautour des vraisenjeux et combats des saints « guerriers » de la tradition de l’Egliseorthodoxe. Il tombeàpic par ailleurs, et estpleinementd'actualité, justement, en raison des remous, des polémiques et des confusions qu'ontsuscité en Orient et bienau-delà, certainesdéclarationsfaites au sein de l'Egliserusseàpropos de la notion de guerre « sainte » au moment du déclenchement de l'interventionmilitairerusse en Syrie, en MéditerranéeOrientale. Tout en évoquantcessujets de guerre juste, sainteoudéfensive, Père MICHEL revientsurcesprestigieux « combattants » et surce qui estemblématique et paradigmatiquedansleurvécu et leuritinéraire. Qui sont-ils ? Comment concilierleurtâcheavec le message de paixchrétien et les qualifier de saints ? A quel combat, àleur image et ressemblance, sommes-nous en tantquechrétiensappelés ? Voilà des interrogations et des problématiquesque le livre se propose d’aborder en profondeurà la lumière des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament et de la tradition de l’Eglise.
Nombreuxsontceux qui, malheureusement, pensent de nos joursque les « glorieuxcombattants » sont, dans les figures de la saintetéorthodoxe, des saints guerriers, des combattants « contre » les ennemisterrestres du christianisme ! Or, en vérité, cescombattantssont en premier lieu des combattants « pour » le Christ, des témoins de la foi en Lui et des combattants qui doivent placer leur combat sur le bon plan, celui de la luttecontreleurspropres « passions ». Père Michel rappelledansl'introductionque le fondement de tout combat pour le Christ, c'estcelui de la confession de la foi en Lui. Il rappelleque « la plupart des saints soldatsfurent des martyrs, surtoutdans les premiers siècles de l'empireromainpaïen. Leur prototype est le centurion Longin qui confessapubliquement le Christ au moment de samortsur la Croix » en proclamantpubliquementdevantsessoldats « Celui-ciétaitvraiment le Fils de Dieu", comme le rappellel'Evangile de Matthieu. Par la suite, Longins’est fait baptiser et retournadanssaCappadocenatale, oùilprêchaaveczèle le Christ ce qui luivaudrad'êtredécapité.
Noussommeslà au cœur du modèle du témoignagechrétien, du kérygme de la confession de la foi, commeseulesreprésailles et réponsesà la persécution. Ne noustrompons pas de combat ! Il ne s’agit pas d’un combat d’ici-bas, avec les armesd’ici-bas. Le vrai combat est le combat spirituel, qui est capable de nous hisser vers le modèle du Christ. Cechemin ne peutêtrevictorieuxquesinousengageons, en nous-mêmes et en relation avec les autres et la société, le combat des « vertus » contre les « passions ». « Le cliquetis des armesdansl'Ancien Testament », titre du premier chapitre du livre de Père Michel nous place d’embléedevant les risquesd'ambivalence de cette tension, entre le combat d’ici-bas et le combat spirituel, le bon et juste combat dontparle Saint PAUL àTimothée. S’agit-ildoncd’avoirconfiance en nos forces oubienconfiance en la force du Christ ? C'est la foi en Dieu qui est le bouclier et non pas l'épéeterrestreni le bouclier physique qui l'accompagne. « Ne crains pas ! dit le Seigneur à Abraham dans le livre de la Genèse, "Je suis ton bouclier" (Genèse 15,11) ». C'estcette perspective, inscritecomme des lettresdans le marbre, celle des psaumes, quel'Eglise a adopté. « Le roin'est pas sauvé par toutesa puissance, nousexplique le psaume 33, et le géant ne trouve pas de salutdanssagrande force, cen'est pas dansl'abondance de sa force qu'iltrouvera le salut. Mais les yeux du Seigneur sontsurceux qui le craignent, et surceux qui ontmisleurespérance en samiséricorde. Notre secours et bouclier, c'estLui " (Psaume 33). Le Christ qui romptavec la loi du talion de l’Ancien Testament, parleainsid’une violence d’uneautre nature, la « violence des pacifiques ». Il insistesur le « pardon » en guise de représailles. Il installe la dynamique du « combat spirituel », le véritable combat. Oui, le chrétien, chaquechrétienest un combattantmaisc’est un combattantd'uneautre nature, un combattant qui déploie « une violence qui consisteàsecouer la léthargie du corps alourdi par les passions ». C'estainsi, nousexplique le Père Michel, que les saints guerriers qui sontprésentésdans son livre, « n'ont pas obtenuleurslettres de noblesse en tantquesemeurs de mort, maiscommepersonnesayantcombattuavec les armes de la foi, en fidèlesserviteurs du Christ. Leur image iconographique, intemporelle, donneàvoir des êtrestournésversl'essentiel, à savoir leur transformation de créatureàl'image de Dieu en personnesà la ressemblance du Christ. Le vrai combat, ilsl'ontmenéenverseux-mêmesdans la maîtrise de leurs passions, maisaussi au service des autresdansuneabnégationtotale. Leurprésencesur les murs des églisesorthodoxes et sur les icônesrappelle le combat inhérentàtoute vie chrétienne, combat quotidiencontre les forces adversesàl'origine de l'esprit du monde".
Tout estditlà et tout estrécapitulédans le dernier chapitre du livre, intitulé « le bon combat des chrétiens » qui rappelle la perspective dressée par le Livre de l'Apocalypseécrit et révéléà Saint Jean l’ApôtreàPatmos, l’île de l’Apocalypse, en Grèce. C’estlàqu’estdressée « unefresque grandiose de l'ultimeaffrontement, de nature cosmiquecettefois, avec le mal personnifié par le Dragon quedéfaitl'arméecélestesous la gouvernance de l'archange Michel (Ap 12, 7 et s.). Il nousrappelleaussiquece ne sont pas les saints qui terrassent Satan maisc’estDieuLui-même qui met fin à son règnemaléfique (Ap. 2, 9-10). Les saints, eux, sontsauvés « par le sang de l'Agneau et par la parole dontilsonttémoigné, car ilsontmépriséleur vie jusqu'àmourir » (Ap 12, 11). La question, écritainsi le Père Michel, « n'estdonc pas de savoir qui vagagner, mais qui vatenir bon; encore moins de savoir siDieuestavecnous, mais de rester àsescôtés. » J'ajouterai pour ma part, la nécessité de rester àsescôtésdans la bonne tension spirituellejusqu'au bout de l’affrontement ! N’oublions pas àcetégard, la parole du Christ dansl’Evangile de Jean qui constitue pour nous non seulementunepromessemaisaussi un chemin de fersalutaire : « Si vousdemeurezdans ma parole, vousserezvraimentmes disciples, vousconnaîtrezalors la vérité et la véritévousrendralibre » (Jean 8, 21) »