Mont Athos, la Sainte Montagne, Άγιον Όρος, Agion Oros
Principal centre du monachisme orthodoxe,
La Sainte Montagne, un jardin mystique offert à la Mère de Dieu
"Que cet endroit soit à Toi, soit ton jardin et ton paradis, et plus encore un havre pour tous ceux qui veulent leur salut"
"Si les hommes donnaient plus grande attention au message silencieux que les anachorètes du désert leur adressent par leur existence et leur vie en Dieu, [...] s'ils attribuaient plus d'importance aux valeurs religieuses et morales, ils vivraient sans tourments et en paix, le respect mutuel unirait les peuples, et les forces spirituelles et matérielles de l'humanité se dépenseraient afin de construire et non de détruire, de guérir les plaies, pour des oeuvres de paix et de grandeur humaines" - Message du Patrirache Athénagoras (+1886-1972, fut patriarche oecuménique de Constantinople du 1er novembre 1948 au 7 juillet 1972), [cité dans "Le Mont Athos, Merveilles du christianisme byzantin, d'André Paléologue, Collection Découverte Gallimard, 1997]
Le Mont Athos au XXième siècle ! En résumé !
"Le Mont Athos, le principal centre du monachisme orthodoxe durant le millénaire passé, n’est pas seulement grec, mais international. Des vingt monastères principaux (ayant voix au Conseil de l’Athos), actuellement dix-sept sont grecs, un russe, un serbe et un bulgare. Au temps de Byzance, l’un des vingt était géorgien et il y avait aussi une maison latine avec des moines d’Amalfi en Italie. Outre les monastères principaux, il compte plusieurs autres vastes maisons et d’innombrables établissements plus petits connus sous le nom de skite ou de kellia : il y a aussi des ermites dont beaucoup vivent au-dessus d’inquiétants précipices, à l’extrémité sud de la péninsule, dans des cabanes ou des grottes accessibles uniquement par des échelles pourries. Ainsi les trois formes de la vie monastique, remontant au quatrième siècle en Egypte : communautaire, semi-érémitique et érémitique, continuent côte à côte sur la Sainte Montagne aujourd’hui. C’est une remarquable illustration de la continuité de l’Orthodoxie. La période de 1914 au milieu des années 1960 fut un temps de déclin pour la Sainte Montagne. Le nombre des moines décrut fortement. Au début du siècle, ils étaient environ 7500, dont une moitié de Russes. Le monastère russe (Roussikon) de Saint-Pantéléimon comptait à lui tout seul pas moins de 2000 moines. Le père Amphilochios, père spirituel à Patmos, m’a raconté l’impression qu’il ressentit en tant que grec, en entendant les Russes chanter lorsqu’il visita Saint-Pantéléimon vers 1912 : c’était la plus proche incarnation qu’il connaissait du ciel sur la terre. Mais après la première guerre mondiale, les novices ne purent plus venir en Russie, tandis que les recrues dans l‘immigration russe se comptaient sur les doigts de la main et vers 1960, il y avait moins de soixante moines à Saint-Pantéléimon. Après 1945, le nombre de novices en provenance de Roumanie, de Bulgarie et de Serbie fut sévèrement réduit. A la même époque, peu de jeunes grecs entraient à l’Athos. Vers la fin des années 1950, le déclin était régulier de quarante à cinquante moines de moins chaque année et en 1971, la population monastique totale était descendue jusqu’à 1145 moines, presque tous des vieillards. En terme humain, il semblait douteux que la Sainte Montagne ait un avenir. Peu de moines étaient bien instruits et l’Athos avait largement cessé d’exercé une influence spirituelle active en Grèce ou dans le monde orthodoxe.
"Mais on aurait tort de vouloir juger l’Athos ou tout autre centre monastique en fonction du nombre ou de l’instruction, car le véritable critère n’est ni numérique, ni académique : le vrai critère, c’est la qualité de la vie spirituelle. Malgré la décadence extérieure, certaines maisons maintenaient un haut niveau spirituel, spécialement le monastère de Dionysiou, sous le père Gabriel (1886-1983), qui en fut l’abbé pendant prés de cinquante ans. L’un des moines de Dionysiou, le père Théoclite (toujours à l’œuvre) a écrit une étude remarquable sur la vie monastique, intitulée Entre ciel et terre (en grec, à Athènes en 1956) qui montrait clairement la continuelle vitalité de la spiritualité athonite. D’une manière cachée et non ostentatoire, la Sainte Montagne continua de donner des saints, des ascètes et des hommes de prière formés dans les traditions classiques de l’Orthodoxie. L’un d’eux était Saint Silouane (1866-1938, canonisé en 1988) au monastère russe de Saint-Pantéléimon. D’origine paysanne, simple et humble moine, sa vie, extérieurement fut exempte d’événements, mais il l’a laissé de très émouvantes méditations, de style poétique et profonde dans leur vision théologique, qui ont été publiées par son disciple l’archimandrite Sophrony (1896-1993), et traduites en de nombreuses langues. Un autre saint moine, le père Joseph (+1959), un Grec qui vivait dans la fondation semi-érémitique du Nouveau Skite, rassembla autour de lui un groupe de disciples qui s’adonnaient à la pratique de noera prosevkhi (la prière mentale ou intérieure, signifiant en particulier, la prière de Jésus). Aussi longtemps que l’Athos a continué à produire des hommes tels que saint Silouane et le père Joseph, il n’a aucunement failli à sa tâche.
Soudainement et de manière totalement inattendue, après ce demi-siècle de déclin apparent, à la fin des années 1960, commença un nouveau chapitre de l’histoire athonite. Des signes d’une vie nouvelle devinrent évidents : d’abord timides et incertains, ensuite, vers 1980, clairs et inéluctables. En premier lieu, il y eut un afflux de nouveaux moines. Après être tombés au plus bas en 1971, avec seulement 1145 moines, le nombre des athonites remonta lentement pour atteindre, en 1990, 1500 moines résidant sur la Sainte Montagne. En soi cela semble peu. Mais beaucoup plus significative est la répartition par classe d’âge : en 1971, la grande majorité avait plus de soixante ans, en 1990, la majorité avait moins de 40 ans. Le changement dans bien des monastères fut rien moins que spectaculaire : des maisons qui, en 1971, déclinaient en silence avec peut-être une douzaine de moines âgés dont une moitié seulement était en état de fréquenter les offices, étaient, après dix ou quinze ans tout au plus, pleines de membres jeunes et actifs, avec rarement ci ou là une barbe blanche."
Extraits de "L'orthodoxie, l'Eglise des sept conciles" (collection Théophanie, Edition Desclée de Brouwer, 1997) de Monseigneur Kallistos (Ware), évêque de Diocleia
Expositions et Catalogues Emblématiques sur le Mont Athos
« Le Mont Athos et l’Empire byzantin, Trésors de la Sainte Montagne » - Exposition Musée des Beaux Arts de la Ville de Paris, Paris Musée, Petit Palais du 10 avril au 5 juillet 2009